Chansons de toile

(XIIe siècle)



Fin

Samedi au soir finit la semaine  Lou samedi a soir fat la semmaine 



Samedi au soir finit la semaine

Chanson que les femmes chantaient en tissant ou brodant.
Voici ma traduction (j'ai changé le rythme). L'original est après.
Samedi au soir finit la semaine.
Gaieté et Oriour, les deux soeurs germaines,
La main dans la main, vont à la fontaine.
  Que la branche ploie quand souffle le vent,
  Ceux qui sont amants dorment doucement.
 
Le jeune Gérard, après la quintaine
Remarquant Gaieté près de la fontaine
La prend dans ses bras, doucement l'emmène.
  Que la branche ploie quand souffle le vent,
  Ceux qui sont amants dorment doucement.
 
- Quand tu trouveras que ton seau est plein
Reviens-t-en Oriour, tu sais le chemin;
Je suivrai Gérard car il m'aime bien.
  Que la branche ploie quand souffle le vent,
  Ceux qui sont amants dorment doucement.
 
Oriour s'en revient pleine de douleur,
Pleurant de ses yeux, soupirant du coeur :
Gaieté est perdue et c'était sa soeur.
  Que la branche ploie quand souffle le vent,
  Ceux qui sont amants dorment doucement.
 
- Hélas, dit Oriour, bien mal je suis née !
J'ai laissé ma soeur dans cette vallée,
Le jeune Gérard va la ramener.
  Que la branche ploie quand souffle le vent,
  Ceux qui sont amants dorment doucement.
 
Gérard et Gaieté s'en sont retournés,
Ont pris le chemin droit vers la cité.
Sitôt arrivés, il l'a épousé.
  Que la branche ploie quand souffle le vent,
  Ceux qui sont amants dorment doucement.
 

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Lou samedi a soir fat la semmaine

Voici une version du XIIe siècle.
Lou samedi a soir fat la semmaine.
Gaiete et Oriour, serors germaine,
main et main vont bagnier a la fontaine.
  Vante l'ore et li raim crollent,
  ki s'entraimment soweif dorment.
 
L'anfes Gerairs revient de la cuitainne.
S'ait chosit Gaiete sor la fontainne :
entre ces bras l'ait pris, souaif l'a strainte.
  Vante l'ore et li raim crollent,
  ki s'entraimment soweif dorment.
 
- Quant auras, Oriour, de l'ague prise,
reva toi en arriere, bien seis la ville.
Je remainrai Gerairt, ke bien me priset.
  Vante l'ore et li raim crollent,
  ki s'entraimment soweif dorment.
 
Or s'an vat Oriour teinte et marrie.
Des euls s'an vat plorant, de cuer sospire
cant Gaiete sa suer n'anmoinet mie.
  Vante l'ore et li raim crollent,
  ki s'entraimment soweif dorment.
 
- Laise, fait Oriour, com mar fui nee !
J'ai laxiet ma serour an la vallee :
l'anfes Gerairs l'anmoine an sa contree.
  Vante l'ore et li raim crollent,
  ki s'entraimment soweif dorment.
 
L'anfes Gerairs et Gaie s'an sont torneit.
Lors droit chemin ont pris vers la citeit.
Tantost com il i vint, l'ait espouseit.
  Vante l'ore et li raim crollent,
  ki s'entraimment soweif dorment.
 

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