J'ai posé mon stylo Et regardé la lune Emergeant de la brume Entourée d'un halo Et j'y vis ton visage Empreint de gravité De grâce et de gaieté : Tu vais l'air d'un sage. J'avais aimé ta lettre Où était exprimé Avec simplicité Tes envies et ton être. J'avais été ému D'avoir enfin trouvé Un esprit accordé Qui m'avait reconnu. J'ai repris mon stylo Avec l'appréhension De trop d'application Et j'ai écrit ces mots. Début | Fin |
J'ai trouvé dans la rue Un gamin inconnu Qui m'a pris par la main, Et c'était ce matin. On s'est bien baladés Dans toutes les allées Jouant avec les chiens, Se faisant des copains. On a joué aux billes Et regardé les filles Qui semblaient étonnées, Enfin on s'est rentrés. C'est sous la balançoire Qu'on s'est dit au revoir Et puis il m'a quitté, Ce soir je l'ai pleuré. Début | Fin |
C'était une journée bien grise Ou la joie n'était pas de mise Et les nuages amoncelés Entre départ et arrivée Avaient attristé mon regard A chaque quai de chaque gare. Entre sommeil et songerie, Dans cet état d'après minuit, Je somnolais indifférent A l'Univers et aux passants Quand tout à coup je fus surpris : Car c'était toi, et tu souris. Morosité exterminée Et tous mes soucis envolés, Je succombais à ton regard Et laissait fondre mes remparts Devant un monde d'embellies, De poésies et de folies. Tu ouvrais pour moi un jardin De magnolias et de jasmins Dont tu étais la tutélaire, La gardienne ferroviaire. Bientôt le train a ralenti Puis fut finie ma rêverie. Début | Fin |
J'aime ouïr la foule en délire Crier mon nom ou me maudire Et pour une histoire de modem Hésiter entr'amour et haine. Alors un petit mot express, Pour le mail : l'ai pas fait exprès. Et pour vous faire bien enrager Bin tiens, je vais recommencer. signé : le Duo des Nomes Début | Fin |
Il a plu sur la mousse Et le ciel étonné En est tout irisé. Comme la vie est douce. Une goutte est tombée Au milieu des orties Et s'est fait des amies. J'ai soif de liberté. Le vent s'est découvert Une envie de fou-rire Qui finit en soupir. Le chant est un mystère. Les nuages ont pâli Et rejoint la forêt En chevauchant les haies. L'Univers a souri. Début | Fin |
Je regarde le monde Du bord de ma coquille. Quel univers immonde, Ce peuple qui fourmille ! J'écoute sur les ondes Des discours qui grésillent Rêvant derrière mes grilles A ceux qui y répondent. J'ai lancé une sonde Et brisé ma coquille Avec une brindille Pour entrer dans le monde. Un grand soleil inonde Tous ces objets qui brillent. Et mes mains qui frétillent Pour entrer dans la ronde ! Début | Fin |
Que c'est dur de quitter Celle qu'on a aimé Et penser que la vie Ne sera plus remplie De tous ces petits riens Qui font que tout est bien. Qu'il va falloir refaire Le douillet Univers Où tout à son confort On n'avait que l'effort D'exprimer simplement Les plus doux sentiments. Et remettre en question Toutes ses ambitions Pour à nouveau subir Un nouvel avenir Qui aura oublié Celle qu'on a aimé. Début | Fin |
J'ai des choses à te dire Et je les veux écrire Car il te faut compter Avec nos amitiés. Chaque deuil est terrible Et nous parait horrible Pour un amant perdu, Une amie disparue. Et c'est là qu'un(e) ami(e) Qui semblait assoupi(e) Se révèle soudain Partageant ton chagrin. Il faut avoir confiance En ceux que la chance A mis sur ton chemin Pour saluer demain, Et reprendre le goût, Quand tu verras le bout, A ce monde nouveau Que tu trouveras beau. Début | Fin |
Quand je rentre au logis Epuisé et transis Il s'approche de moi Exprimant son émoi Pour se faire câliner. Je dois m'exécuter. Je le prends dans mes bras Lui murmurant tout bas Des mots enamourés Qui le font ronronner. Alors je le caresse Et il n'en a de cesse. Après ce corps à corps Et quand il est d'accord Je peux le reposer Et enfin respirer... Mais je n'ai pas le temps Car une autre m'attend. Début | Fin |
Etalée sur le lit Où elle prend des poses Je sens qu'elle a envie Qu'il se passe des choses... Pensive elle m'épie Se retourne et chavire Exprimant son ennui Par un petit soupir. A la fin, agacée, Elle s'approche de moi Et à pas mesurés Me rappelle à sa loi. Et voilà tout à coup Ma raison aux abois, Sa tête sur mon cou Met mon coeur en émoi. Enivré de tendresse Je la prends dans mes bras Et lentement caresse Son corps comme il se doit. Et quand ma main se glisse Le long de son échine C'en est presqu'un supplice Que sur elle j'anime. Je la sens qui frissonne, Rendue au nirvâna. Tout entière elle se donne, Je crois qu'elle n'est plus là. Son corps est comme un luth Où sonnent les arpèges. Les notes sont volutes Et pour elle s'agrègent. Le temps est reparti Laissant l'éternité Qui comme à des maudits Jure fidélité. Nous sommes, elle et moi, Par nos âmes éperdues, Passés dans l'au-delà Où rien n'existe plus Que ma main sur son corps Se raidissant soudain Pour un dernier accord, Pour le dernier refrain. Mais de tous ces câlins Elle en a plus qu'assez ! A ses rêves félins Elle s'en est retourné. Début | Fin |
Par ma timidité Je ne peux exprimer A chacun simplement Un petit sentiment. Je me sens obligé Pour pouvoir déroger De faire le grand tour Et prendre des détours. Pour un petit bonsoir Je prend mon écritoire Et écris patiemment Tout un petit roman. Mes amis déroutés Ne savent que penser Et plus d'un se murmure Que je dois être mûr. Pour que cesse ce bruit Et que ce soit bien dit Je viens donc déclarer Par devant l'assemblée : Etant homme de rien Et n'ayant pas de biens Pour vous payer ma dîme Je ne parle qu'en rimes. Début | Fin |
Si vous voyez le soir Devant son écritoire Un poète penché En train de s'épancher Ne venez pas le voir Et lui dire bonsoir Ce serait le fâcher Pour avoir tout gâché. Attendez patiemment Et sans murmurement Que son oeuvre achevée Il la vienne apporter. Alors d'un compliment, Que bien sûr il attend, Pour le remercier Vous le pourrez payer. Puis dégrafez l'armure Et pansez les blessures Que la vie a donné A son âme estropiée. Et là, dans un murmure Que votre voix rassure Cet enfant étonné D'être en train de pleurer. Début | Fin |
Je vais vous raconter En toute honnêteté L'histoire véridique D'un haut-fait historique. Un poète envoya, On ne sait pourquoi, Un poème bâclé A celui d'à-côté. Celui-ci, ennuyé D'être si peu prisé, Lui renvoya pourtant Un petit mot charmant. Mais le premier poète - Où avait-il la tête ? - Pris mal le compliment Et parla gravement : "Me voir ainsi bafoué Je ne peux supporter Et je m'en vais céans Demander jugement !" Le cas fut entendu, Le jugement rendu, Le second condamné, En une matinée. Le premier fut ravi Car la Confrérie Pour faire son bonheur Lui rendait son honneur. Le second, fort aimable, Fit amende honorable, Encensant désormais Ce que l'autre ferait. Et vous ! A votre avis, Qui fut le plus marri ? Le second plus frondeur Eut pour lui les rieurs. Car si vous condamnez Liberté de blâmer, Vous perdrez sûrement Le plus beau compliment. Début | Fin |
Je rêve d'un amour Qui durerait toujours Où chacun de nous deux Se sentirait heureux Que l'on aurait construit Au milieu de nos nuits Qu'on aurait décoré Au gré de nos journées Un amour de câlins Où l'on ne fait plus qu'un Un amour de fureur Avec haine et rancoeur Où l'on se sent aigri Tout plein de jalousie Et allant voir ailleurs Chercher notre bonheur Pour revenir penaud Ne sachant piper mot Et voir en son sourire Un plus bel avenir. Début | Fin |
C'est sans vouloir médire Et pour vous préserver Que je vais vous le dire En toute vérité : De fléau, il n'est pire, Dans cette société Où le quidam aspire A la félicité, Que de se faire honnir Par la douce moitié Qui a sur nous empire Et même royauté. Laissez-moi donc redire Aux nouveaux arrivés : Il faut éviter l'ire D'une femme mariée. Début | Fin |
Misogynie à part Et par obligation Je dois vous faire part D'une constatation. Ceux qui ont convolé, Ce n'est pas un mystère, Sont un peu empâtés. Ça je ne peux le taire. Ceux qui ont résisté Ont la taille plus fine Des hommes en liberté Et aussi bonne mine. Ils ont le port altier Et la démarche fière De ceux qui font rêver Les belles héritières. Chaque jour est en fête, Plein d'opportunités Pour faire tourner les têtes Car point ne sont bagués. Allons, devenez sages, Les nouveaux fiancés ! Refusez l'esclavage De ceux qui sont mariés ! Début | Fin |
C'était un gars charmant Vivant au praz d'Aignan Là où les bouquetins Trouvaient leur picotin. Il aimait le ciel pur Et toute la nature Soignant les animaux Et mêmes les corbeaux. Il voyait des bergères, La démarche légère, Flâner vers son abri Pour parler avec lui. Puis le temps est passé Et elles se sont lassées, Le laissant solitaire Tout là-haut, sur son aire. Et les filles déçues De n'être retenues Dirent qu'il était laid, Que c'était un fruit blet. Cela lui fit chagrin Le long de ses chemins De voir la vallée Et les monts l'ignorer. Mais comme il était sage Il se mit à l'ouvrage Décrivant sa bohème Dans de petits poèmes. C'est Monsieur le Curé Qui l'ayant visité Avait pu tous les voir Et nous le fit savoir. Alors à la St Jean On réunit les gens Pour aller écouter Notre célébrité. Pour la moralité : A tous les oubliés, Il n'est point besoin d'or, La vie est un trésor. Début | Fin |
De mon igloo j'observe L'igloo qui me fait face Cherchant ce que réserve Cette autre carapace. Elle ne laisse paraître, Dessous son air bonasse, Que l'image d'un être Dont on ne sait la race. J'essaye un peu de verve Pour voir ce qui se passe. Je crois que je l'énerve : Elle me fait des grimaces. Je reçois une lettre Où elle me dit, hélas : Ce n'est pas toi le maître De ce pays de glace. Je retourne à mes rêves Où je suis le rapace Qui patrouille sans trêve Au-dessus des crevasses. Début | Fin |
Le volcan jaillit vivement, Impétueux. Il est demeuré un instant, Majestueux. Il a disparu maintenant, Mystérieux. Son âme est parue lentement, Au fond des cieux. Début | Fin |
Combler cette béance Venue de notre enfance Par un amour sincère Est-il un grand mystère ? Rencontrer des humains Pour un bout de chemin Et puis les voir partir Est-ce ainsi, l'avenir ? Avoir un sentiment Et le trouver géant Dans un coeur trop petit C'est ici qu'on grandit ? Aller courir dehors Pour chercher un trésor Et le trouver chez soi Va-t-il donner la foi ? Se poser des questions Avec délectation Et se ronger les sangs N'est-ce pas épuisant ? Et vivre au jour le jour Sans regarder autour Ni même écouter l'heure Est-ce là le bonheur ? Début | Fin |
Pour écrire un poème J'écoute ma bohème Et prends négligemment Un sentiment. Je lui laisse un domaine Qui le met à la peine Pour voir s'il va me faire Un beau mystère. Quand il m'a fort ému Il faut que je remue Avant l'apparition D'une émotion. Je trempe alors ma plume Au milieu de l'écume Et la fais ondoyer Pour m'envoûter. Rappelant mes désirs Je n'ai plus qu'à écrire Avec beaucoup de soin Le mot de fin. Début | Fin |